Des Hackers attaquent des sites web tunisiens

Winston Smith (Ramzi Bettaieb)

Sur fond de manifestations contre le gouvernement Tunisien, l’attaque bloque l’accès à la bourse des valeurs et au ministère des affaires étrangères.

Des cyber-activistes ont attaqué et au moins momentanément mis hors-ligne plusieurs sites du gouvernement Tunisien dans la recente action de protestation contre les dirigeants en difficulté du pays.

Depuis lundi après-midi, heure locale, au moins huit sites web ont été touchés y compris ceux dédiés au president, au premier ministre, au ministre des affaires étrangères, et à la bourse des valeurs. L’attaque qui a commencé dimanche soir, a coïncidé avec une grève nationale, planifiée pour le lundi, et dont les organisateurs disent qu’elle pourrait être l’évènement populaire le plus important depuis que Zine El Abidine Ben Ali a pris le pouvoir.

La grève ayant lieu le jour de la rentrée scolaire après des vacances. L’administration de Ben Ali a strictement restreint le flux d’informations émanant de la Tunisie depuis que la propagation des protestations ont commencé le 17 Decembre, suite à la tentative de suicide de Mohamed Bouazizi agé de 26 ans. cependant des rapports de désobeissance civile et d’action de police ont filtrés sur Twitter le Lundi via quelques utilisateurs signalant l’utilisation de gazs lacrymogénes par les forces de sécurité.

Le groupe de hackers plus ou moins organisés “Anonymous” a annoncé sa responsabilité dans la cyber-attaque, qu’ils ont appelé “Operation Tunisia“, une dérivée de l’effort le plus vaste du groupe-nommé “Operation Payback”-visant à tenir des représailles contre les gouvernements et les entreprises considérés comme hostiles au groupe amorphe et similaire spécialisé dans la reception des fuites de documents secrets Wikileaks.

Operation Tunisia vient d’avoir lieu juste quelques jours après une attaque similaire contre le Gouvernement du Zimbabwe, dans ce cas, Anonymous ont annoncé qu’ils ont ciblé l’administration de Robert Mugabe a cause des actions de ses fonctionnaires visant à supprimer les informations concernant les milliers de cables diplomatiques américains publiés par wikileaks.

Mais le Lundi, Anonymous et ces supporters ont cherché à associer leur cyber-attaque aux protestations et à l’agitation sociale en cours en Tunisie, et pas a Wikileaks. Dans un manifeste qui aurait été publié sur le site du premier ministre mais supprimé plus tard, le groupe a déclaré qu’il était “furieux” contre le comportement du gouvernement Tunisien, et que l’administration de Ben Ali a “unilatéralement déclaré la guerre contre la liberté d’expression, la démocratie et meme contre son propre peuple“.

“Anonymous est disposé a aider le peuple Tunisien dans son combat contre l’oppression“, disait le communiqué. “Les cyber-attaques vont persister jusqu’a ce que le gouvernement Tunisien respecte le droit de tous ces citoyens Tunisiens à la liberté de parole et d’information et qu’il cesse de censurer l’Internet“.

Attaque de déni de service (DDOS)

Sami Ben Gharbia, un Tunisien exilé en europe et qui surveille la censure en ligne dans le pays, a dit a Aljazeera que le sabotage du lundi était la première fois qu’il voyait un groupe international comme Anonymous ciblant un site web Tunisien. Ben Gharbia a dit qu’il était témoin de la planification de l’attaque de “déni de service” par les hackers dans une chat room préparée par Anonymous et qu’apparement des internautes Tunisiens furent parmi les participants. Les protestations en Tunisie, qui ont mené a trois morts confirmées, ont eu droit comparativement à une faible attention dans les medias occidentaux, qui avaient attentivement suivis les developements de 2009 en Iran lorsque milliers de citoyens avaient protesté contre les résultats des elections presidentielles.

De meme les gouvernements occidentaux ont été réticents à propos de l’expression de critiques envers le gouvernement de Ben Ali, ou à propos de sa réaction au protestes. Le pays est une destination touristique populaire pour les européens, et la banque mondiale en a fait l’éloge pour ces politiques financières. Mais beaucoup de gens dans le pays disent que l’image du calme et du succès cache un bouillonnant ressentiment et un taux de chômage qui atteint 25 pour cent dans certaines régions.

Corruption en hauts lieux

En privé les états-unis ont déclaré que la corruption en Tunisie -contribuant au taux de chômage qui a poussé beaucoup de gens à protester- s’aggrave. Un câble diplomatique datant de 2008 signé par Robert Godec, ambassadeur des États-Unis, et publié par Wikileaks en décembre décrit à la fois la corruption de haut et de bas niveau qui fait fuir les investisseurs étrangers et nationaux.

“Que ce soit en espèces, services, terres, biens, ou oui, même votre yacht, la famille du président Ben Ali est apparement connue pour convoiter et obtenir ce qu’elle veut», affirme le câble.

Ben Gharbia a dit que la cyber-attaque du lundi n’aura probablement pas d’impact sur les manifestations «sur le terrain», mais peut servir de «bonne histoire» pour attirer les médias a grand public et de renforcer les militants en ligne en Tunisie.

«Ca pourrait donner un sentiment de solidarité aux blogueurs tunisiens qui ont été témoins de la censure durant des années, de voir de telles actions ciblant le corps principal de la censure” dit Sami Ben Gharbia

Traduit de l’anglais par Winston Smith

Article original publié sur El Jazeera

http://nawaat.org/portail/2011/01/05/des-hackers-attaquent-des-sites-web-tunisiens/