Ce n'est qu'un début, continuons…

Ce qui s’est passé hier dans les commissions de l’Assemblée Constituante confirme l’importance vitale de la mobilisation de la société civile, en particulier par la pression pour certains, le soutien pour d’autres membres de la constituante à leur action en faveur de la démocratie : quels qu’aient pu être les accords faits au sein de la coalition, le consensus vole en éclats dès qu’il devient clair que la société civile ne l’accepte pas.

Rendons hommage à la magnifique mobilisation d’aujourd’hui devant le palais du Bardo : c’est véritablement le rempart contre les tentations de dérive totalitaires de ceux qui ont la majorité relative à l’Assemblée Constituante, c’est une aide précieuse pour ceux qui ont accepté de participer au pouvoir pour y défendre les libertés, c’est un appui irremplaçable enfin pour ceux qui sont dans l’opposition démocratique.

La première leçon à tirer des événements de ces jours-ci (mobilisation aux côtés des autorités universitaires légitimes lundi soir, mobilisation d’aujourd’hui) c’est que les jeux sont loin d’être faits : pris en tenaille par leur base radicale d’un côté et, de l’autre, par les principaux acteurs de la révolution, dont ils ont conscience qu’ils ont une profonde défiance des partis politiques et qui se sont abstenus aux élections, par la société civile qui montre chaque jour qu’elle n’entend pas être un spectateur impuissant des arrangements qu’on ferait derrière son dos, par la situation économique que les déclarations intempestives de ses leaders n’arrange pas le moins du monde, les dirigeants d’Ennahdha naviguent à vue : tentés d’appliquer tout de suite leur programme, incapables de l’assumer seuls, ils cherchent à associer aux responsabilités d’autres formations colorées différemment d’eux et plutôt démocratiques. Ce sont ces formations, et surtout leurs militants, qui sont le plus sensibles aux revendications de la société civile et qui, avec l’aide des autres élus, joueront un rôle décisif dans la phase actuelle, à l’intérieur de l’ANC. Mais de toutes façons, si pressés que puissent être certains de rétablir un pouvoir autoritaire, ils ne tarderont pas à s’apercevoir que les 20% des électeurs qui leur ont donné leurs voix ne l’ont pas fait pour cela, et la société civile le leur annonce hautement.

Que se poursuive cette mobilisation, qui trouvera un soutien de plus en plus manifeste des formations non nahdaouies représentées à l’ANC, et l’on parviendra à faire aboutir toutes les revendications de cette société civile, et surtout celles qui concernent le contenu démocratique de la prochaine constitution.

publié par Gilbert Naccache sur Facebook le mercredi 30 novembre 2011