Lotfi Abdelli ou les chemins inattendus de la liberté

La liberté a fait des progrès considérables, au point que les forces de sécurité se sentent libres de choisir dans quel lieu, ou de quel spectacle, elles assureront la sécurité. Il est à l’honneur de notre ministre de l’intérieur de ne pas leur avoir donné d’ordres contraignants: il ne faut pas limiter la liberté ! Pas plus qu’il ne faut désobliger ceux, salafistes réels ou supposés, qui menacent, pour empêcher un spectacle “non protégé”, de tout casser, mais, que les propriétaires de salles se rassurent, ils paieront ensuite les dégâts ! Pas plus qu’il ne faut contrarier le gouverneur qui interdit ce spectacle : on comprend qu’il ne tienne pas à donner des ordres aux policiers qui ont décidé de prendre du repos, ni rappeler la loi à ceux qui menacent de tout casser : où serait alors la liberté de menaces? Bien sûr, si des jeunes s’avisaient d’exprimer des idées allant contre les croyances de certains !

Ainsi va la Tunisie, où il fait si bon d’être du côté du manche … de la matraque! Et il n’y a guère de chances que Lotfi Abdelli se juge lésé et se fâche : il est professionnellement tenu d’avoir le sens de l’humour, il en fera peut-être un sketch…

Mais Lotfi Bouchnak aura-t-il les mêmes réactions amusées, après l’interdiction de son spectacle ?

Cela me rappelle un épisode un peu similaire qui s’était produit à Alger, après les élections municipales qui avaient vu une large victoire du FIS. Ce mouvement avait voulu interdire un spectacle d’un chanteur kabyle, et menacé de brûler la salle. Les autorités n’avaient pas réagi, mais la population était massivement descendue pour protéger le spectacle, et les forces de l’ordre furent présentes jusqu’à la fin du spectacle qui se déroula sans incident… Mais en Algérie il n’y avait pas alors la liberté dont jouit la Tunisie…

publié par Gilbert Naccache sur Facebook le  15/08/2012

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